8 mars 2018

08 mars


Séverine (Caroline Rémy) 
par Auguste Renoir


Parce que la rédaction de ma série de romans se déroulant à la « Belle Époque » (vraiment pas si belle que cela, vous pouvez me croire) voulait que je me penche très sérieusement sur moult sujets assez délicats et désagréables, et plus particulièrement celui du statut des femmes, j’ai aujourd’hui une pensée toute particulière pour toutes celles qui se sont battues pour nos droits depuis des décennies, des siècles…
Et je leur adresse un grand merci.

J’aurais pu emprunter ses mots à Sidonie, ma petite frondeuse que vous découvrirez en son temps dans une nouvelle, à la journaliste Séverine qui me l’a inspirée, ou encore à Louise Michel et bien d'autres encore. 

Mais j’ai choisi de faire parler Salomé dont vous ferez prochainement connaissance dans « Madame » et Séraphine, héroïne de mon roman « Le Tableau ».

Les actions se déroulent à la toute fin du XIXè siècle et tout était donc encore à faire...



« Mais par-dessus tout, contrairement à ce que Maximilien avait dû espérer, il venait de lui donner la force de lutter contre lui au lieu de l’anéantir. Peut-être était-ce de la haine. Sans doute, en était-ce.
Elle s’en fichait, car elle se sentait animée d’une vigueur nouvelle, intimement liée à ce refus viscéral de laisser une fois encore, une fois de plus, un homme la piétiner au prétexte qu’elle était femme et qu’il le pouvait, qu’il en avait le droit, qu’elle était ancienne prostituée, belle ou attirante, ou seulement parce que c’était sa fantaisie du moment.
Oh bien sûr, elle ne pourrait changer la société ou les règles… ou la loi… ou le Code civil… ou les premières pages de la bible et le diktat de l’Église… ou les hommes…
Y avait-il une fin à cette liste, au bout d’un moment ?
Salomé n’espérait pas y parvenir, encore moins toute seule. Nombreuses étaient les femmes à s’y essayer déjà, en groupe ou en association, avec des mots, des actes, des cris parfois, pour au final se heurter à un mur. Mais tout mur pouvait être démonté brique par brique. L’on pouvait gratter son crépi, l’éroder patiemment jusqu’à y faire un trou, une lézarde puis une brèche où l’on pouvait s’engouffrer ensuite pour le faire tomber. »

Madame (à paraître)


***


« — Vous savez bien comment sont les choses, Séraphine, se défendit Narcisse. Vous n’allez pas refaire le monde.
Évidemment ! L’éternelle rengaine. L’argument ultime de la supériorité masculine. Celui expliquant toujours tout et mettant fin à n’importe quelle discussion.
De quel droit ce qui pendait entre les jambes de ces messieurs leur conférait le pouvoir de régner sur les femmes en toutes choses, sur leurs corps, leurs vies, leurs biens si elles en avaient. Sur leur liberté ? Parce que cela se dressait à l’occasion ? Était-ce vraiment une preuve irréfutable d’une supériorité intellectuelle et morale sur elles les autorisant à les traiter comme d’éternelles mineures ?
Figée dans le marbre, incrustée au plus profond de la société, cette suprématie était aussi inscrite dans le plus abject des alinéas du Code Civil et gravée dans l’esprit des hommes, cette caste dominante dont pour une fois la frontière ne s’arrêtait pas au seul statut social.
Révoltant. Séraphine en aurait hurlé. Si cela avait pu faire évoluer les choses… »

Le Tableau (paru aux éditions Érato)


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