Extrait de " Le Tableau "
La scène se déroule à l'Exposition Universelle de 1900
La tour de 300 mètres n'avait que 11 ans
" Une soudaine fièvre anima l’assistance massée aux pieds de la
Tour Eiffel.
Il ne s’agissait pas d’un mouvement de foule, mais
d’une espèce d’onde qui la parcourut, électrique, donnant vie à
une entité différente de la somme de celles qui la composaient.
Et
elle attendait, impatiente.
Le phénomène était certes subtil mais
suffisamment tangible pour attirer l’attention des deux jeunes gens
qui cherchèrent des yeux ce qui avait pu le provoquer.
Vaguement inquiet, Gabriel enroula
d’instinct un bras protecteur autour des épaules de Séraphine qui
de son côté et tout aussi spontanément se réfugia dans son
étreinte.
Concentrés sur leur différend, ils
avaient complètement oublié les illuminations.
Les centaines d’ampoules s’allumant
comme sous la baguette d’une fée les détournèrent de leur
conversation.
Un unanime murmure appréciateur
s’éleva de l’assistance.
L’on pouvait dire ce que l’on
voulait sur la Tour Eiffel, la qualifier de profanation de Paris, de
vile cheminée d’usine ou de monstruosité, lui renier un style,
détester la rudesse de sa dentelle grise et ses gros boulons en
guise de plumetis, ses lignes épurées s’élançant dans le ciel
nocturne sobrement soulignées par un simple sentier d’étoiles
était un spectacle magnifique, magique, élégant. "
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